Claviers anciens, ou copie d’anciens, en état de jeu
Épinette Rouaud, 1992
Épinette classique 56 notes sol/ré, par Jean-Paul Rouaud à Paris, 1992.

Clavecin Dowd, 1973
Clavecin Dowd à Boston, n° 254 (1973). Copie d’un clavecin à double clavier de 1741 Grand français du facteur Blanchet. Deux claviers 8-8-4 (jeu de 8 pieds sur clavier inférieur et sur clavier supérieur, jeu de 4 pieds sur clavier inférieur) et jeu de luth. Étendue des claviers 63 notes (5 octaves + 2 notes) fa-sol. Instrument transpositeur avec 3 positions : 392, 415, 440. Réalisé en 1972- 1973 pour la claveciniste américaine Lisa Crawford (ill.). Utilisé pour les opéras au Festival d’Aix-en-Provence pendant plusieurs années, il a été joué par David Fuller, Gustav Leonhardt (qui jouait exclusivement cet instrument lors de ses concerts dans le Sud-Est de la France), William Christie, Christophe Rousset, Kenneth Weiss, Emmanuelle Haïm, Mirella (claveciniste de Marc Mikowsky), et bien d’autres. De nombreux enregistrements ont été réalisés avec cet instrument, notamment au Japon en 1979, au Kennedy Center à Washington, à Cleveland : Royer, Pièces de clavecin, Paris 1990 ; Rameau et Royer, Pièces de clavecin, Gasparo 1983 ; Händel, Messiah, Concerti Grossi Op.3, 1980/81. La qualité de sa sonorité l’a fait choisir pour les enregistrements de Radio France en 2000, 2002 et 2003 dans le cadre du Festival International d’Art lyrique d’Aix en Provence. Décor : Catherine de la Bouteresse.


Piano carré Érard 1799
Pianoforte carré Sébastien Érard et frère. Paris, 1799. Acajou de Cuba et placage de citronnier. 5 octaves (fa-fa) soit 61 notes. Échappement simple : une pièce de bois articulée (bâton d’échappement) pousse le marteau sur la corde puis bascule, l’obligeant à revenir en arrière tout en lui permettant aussitôt une nouvelle attaque. Le musicien doit laisser revenir les touches à leur point de repos avant de les rejouer. Il s’agit d’un instrument précoce dans la facture d’Érard, dont le premier piano connu remonte à 1780 et celui construit pour Marie-Antoinette à 1785. De 1780 à 1798, Érard n’a produit que des pianos carrés.


Piano grand queue Pleyel 1834
Piano à queue PLEYEL de 1834 (n°3368), à 6 octaves ½ (do-fa) en acajou ronceux. Contemporain des premiers concerts de Chopin à Paris, cet instrument d’exception a été entièrement restauré.
En 1833, Chopin, accompagné du violoncelliste Auguste Franchomme, donne son premier récital en province, dans les salons de l’hôtel de ville de Tours, sur un piano grand queue de Pleyel, le plus grand et le plus luxueux modèle de l’époque. Le succès en est tel que la maison Pleyel enregistre, dans les mois qui suivent, la commande de plusieurs pianos semblables, de la part de notables de Tours. Ce piano fait partie de ces commandes. Il a été livré en octobre 1834 à M. Chaban à Tours.
Piano carré Érard 1843
Pianoforte carré Érard à Paris, 1843, n°15795. Acajou. 6 octaves et une quarte (do-fa) soit 78 notes. La caisse repose sur des pieds en « X ». Une lyre et deux pédales. Ce piano présente l’innovation brevetée par Érard en 1838 : la barre harmonique, grande tige de métal transversale permettant de raidir le sommier et la caisse afin d’éviter les chocs des marteaux sur les cordes, qui parasitent leur son.

Piano droit Franck 1850
Piano droit grand format du facteur parisien A. Frank, « Passage Colbert n°23-25 », entre 1851 et 1864. La tradition en fait un cadeau offert à l’une de ses maîtresses par le duc de Morny. D’une finition luxueuse, le piano est en bois de placage à vernis noir à incrustations et accessoires de bronze doré. Il possède 7 octaves (la-la). Il a été restauré par André Garnier à Montluçon avant 1996, se présente en état de jeu, accordé, avec mécanisme, cordes, chevillage et feutres entièrement revus. J. Frank, exilé polonais, fonda en 1833 une manufacture rue Grammont puis Galerie Colbert, rue Vivienne, à Paris. Il mourut en 1851. Sa veuve poursuivit la production jusqu’en 1864. Les pianos portent d’abord le marquage « J. Frank » puis « A. Franck ».
Piano quart-de-queue Pleyel 1878 « Heugel »
Piano quart de queue Pleyel à Paris, 1878, n°68176. Placage de palissandre. 7 octaves (la-la) soit 85 notes. Cordes croisées. Inscrit à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques (2012). Ce piano historique appartenait aux éditions musicales Heugel à Paris. De 1839 à 1980, les éditions Heugel ne cessèrent de promouvoir et de diffuser l’œuvre des plus grands compositeurs français : Offenbach, Delibes, Fauré, Massenet, Saint-Saëns, Poulenc… Jacques-Léopold Heugel (1815-1883), leur fondateur, fut une figure centrale de la vie musicale sous le Second Empire, l’un des premiers administrateurs de la SACEM et un ardent défenseur des droits d’auteur. Son fils Henri (1844-1916) fit de la maison d’édition un empire éditorial. Grand collectionneur, protecteur des compositeurs, il entretint des relations avec le Tout-Paris qu’il recevait à ses soirées musicales, auxquelles participèrent Reynaldo Hahn et Marcel Proust. L’exécution en cercle privé des nouvelles compositions proposées à l’éditeur avait lieu dans les salons de la maison Heugel, appelée aussi « Le Ménestrel », du nom de la revue musicale que l’éditeur publia pendant un siècle. Ce piano était à la disposition des compositeurs et des interprètes. Tous les compositeurs, pianistes et chanteurs qui venaient rendre visite à Henri Heugel ont joué sur ce piano, et certains ont gravé leur signature sur la table d’harmonie et l’ont parfois datée (fig. 8). On relève notamment : Marie Roger-Miclos 1883 (1860-1950, élève de Herz) ; Léo Delibes 11 mars 1884 (1836-1891) ; Marie Van Zandt 1886 (1858-1919, cantatrice) ; Isidore Philipp 1887 (1863-1958, pianiste, compositeur, pédagogue) ; Jules Massenet 1887 (1842-1912) ; Francis Planté 1887 (pianiste, 1839-1934) ; Jean-Baptiste Faure de l’Opéra 1888 (1830-1914, l’un des plus célèbres barytons du XIXe siècle, natif de Moulins) ; Élie-Miriam Delaborde 1889 (1839-1913, pianiste et compositeur, élève et probablement fils naturel d’Alkan) ; Raoul Pugno 1889 (1852-1914, pianiste, éditeur de musique, compositeur) ; Reynaldo Hahn (1874-1947) ; Ignace Paderewski (1860-1941, pianiste, compositeur, diplomate et homme d’état polonais) ; Théodore Ritter (1840 – 1886, compositeur et artiste lyrique).



Piano grand quart-de-queue Érard 1908
Piano grand quart de queue Érard, 1908, n° 94 361. Étendue du clavier : 7 octaves (la-la) soit 85 notes. Cordes parallèles.
Piano demi-queue Pleyel 1927
Piano demi-queue Pleyel de Pierre Bassot, 1927, n° 182 956. Étendue du clavier : 7 octaves et une tierce (la-do) soit 88 notes. Cordes croisées.
